Entreprises BTP : réhabilitation énergétique, enjeux et opportunités
Et si chaque bâtiment tertiaire devenait un levier de performance énergétique et de rentabilité pour les entreprises du BTP ? Ce monde est aujourd’hui à portée de main : la France affiche la ferme ambition de rénover les bâtiments considérés comme « passoires thermiques » et vise 60 % de réduction de consommation énergétique d’ici 2050 via le décret tertiaire. Les bureaux, commerces et ERP (Etablissements Recevant du Public) de plus de 1 000 m² doivent s’engager dans un parcours de réhabilitation énergétique ambitieux. Et derrière chaque obligation, se cache une opportunité : capter de nouveaux marchés, conquérir des certifications RGE, et activer des aides publiques telles que MaPrimeRénov’ ou les CEE.
Vos entreprises ont l’expertise, les équipes et les fournisseurs. Cependant pour transformer la rénovation énergétique en véritable moteur de croissance, il faut structurer les offres, aligner les certifications et anticiper les évolutions réglementaires. Ce guide ultra-complet concernant la réhabilitation énergétique, pensé pour les dirigeants et chefs de projet du secteur, décrypte :
- les obligations concrètes du décret tertiaire,
- l’impact sur vos organisations,
- les leviers financiers à activer,
- les bonnes pratiques pour rester compétitif.
Bienvenue dans l’ère où le BTP devient architecte de la performance énergétique : le meilleur reste à construire. Place désormais au contexte et aux véritables raisons d’agir.
Contexte et raisons d’agir
Les entreprises du BTP sont aujourd’hui au cœur d’un impératif de réhabilitation énergétique. En France, le secteur tertiaire et résidentiel représente une part massive de la consommation énergétique nationale et des émissions de gaz à effet de serre. La pression réglementaire se traduit notamment par le décret tertiaire, qui impose une baisse obligatoire de la consommation énergétique des bâtiments tertiaires de plus de 1 000 m² : −40 % d’ici 2030, −50 % en 2040 et −60 % en 2050, par rapport à une année de référence.
Ces contraintes s’accompagnent d’une volonté publique de soutenir la transition écologique. Plusieurs dispositifs d’aide comme MaPrimeRénov’, les certificats d’économies d’énergie (CEE), ou les financements aux audits énergétiques renforcent la dynamique.
Enjeux principaux pour le BTP :
– adapter les offres au secteur tertiaire, avec une expertise en performance énergétique des bâtiments ;
– positionner les entreprises comme acteurs de la transition énergétique ;
– structurer les filières RGE et intégrer les innovations (isolation, GTC, ENR).
Face à l’ampleur de la tâche, transformer cet impératif en opportunité devient un enjeu stratégique. Passons aux obligations concrètes.
Obligations réglementaires pour les entreprises du BTP
Le décret tertiaire : contenu et calendrier
Le décret tertiaire impose une réduction progressive de la consommation énergétique sur trois échéances : –40 % d’ici 2030, –50 % en 2040, –60 % en 2050.
Deux méthodes sont prévues :
– réduction relative (Crel) par rapport à une année de référence entre 2010 et 2022 ;
– seuil absolu (Cabs) en kWh/m²/an selon l’usage du bâtiment.
Le calendrier prévoit :
- déclaration initiale des consommations sur OPERAT (ADEME) ;
- possibilité de demander des modulations ;
- contrôle des résultats en 2031, 2041, 2051.
Tout bâtiment tertiaire de plus de 1000 m² est concerné, incluant les activités commerciales, administratives, culturelles, logistiques, etc.
Conditions pour exercer : label RGE et éco-conditionnalité
À partir de 2027, seule une entreprise titulaire du label RGE pourra facturer des travaux donnant droit à des aides. Dès 2026, la sous-traitance sera limitée à deux niveaux.
Les obligations du RGE impliquent :
– un audit des compétences techniques ;
– des obligations de formation et de traçabilité ;
– l’interdiction de l’intermédiation commerciale non liée au secteur du bâtiment.
L’éco-conditionnalité s’applique désormais à toutes les aides, notamment les CEE. Pour rester compétitives, les entreprises du BTP doivent anticiper ces exigences, adapter leur organisation et viser une montée en compétence rapide.
Impacts sectoriels et organisationnels
Réorganisation des chaînes d’intervention
Avec la limitation de la sous-traitance et l’obligation de résultats, les entreprises du bâtiment doivent internaliser davantage :
– coordination technique via le BIM ;
– gestion énergétique via la GTB/GTC ;
– suivi et reporting via OPERAT.
Le pilotage énergétique devient une compétence stratégique, et le label RGE un sésame commercial indispensable.
Tensions de main-d’œuvre & compétences
La transition énergétique va générer un besoin estimé entre 170 000 et 250 000 postes d’ici 2030. Les entreprises du BTP doivent former en interne, structurer des partenariats et développer des profils mixtes : techniciens, ingénieurs, chefs de projet, spécialistes en efficacité énergétique.
Le manque de main-d’œuvre qualifiée freine l’exécution des chantiers et limite l’éligibilité aux aides. Investir dans les ressources humaines devient aussi important que dans les outils.
Opportunités – comment en profiter ?
Nouveaux marchés & services à valeur ajoutée
Le marché de la rénovation énergétique pèse près de 25 milliards d’euros. Il est en forte croissance, tiré par les obligations légales et la demande des maîtres d’ouvrage.
Les entreprises du bâtiment peuvent se positionner sur :
– la rénovation globale ;
– des offres complètes (audit, travaux, suivi énergétique) ;
– des services de maintenance énergétique avec GTB/GTC.
Aides et dispositifs incitatifs
Les principaux leviers de financement sont :
– les CEE : primes liées aux économies d’énergie ;
– MaPrimeRénov’ et MaPrimeRénov’ Copro ;
– les prêts à taux zéro (éco-PTZ), aides ANAH, aides régionales.
Les entreprises du BTP peuvent intégrer ces dispositifs dans leurs offres, en jouant un rôle de facilitateur pour le client final. Cela implique une veille active sur les règles d’éligibilité, les plafonds, les seuils techniques et les modalités de cumul.
Bonnes pratiques à adopter
Réaliser un audit énergétique & diagnostic
L’audit énergétique permet de prioriser les travaux, d’identifier les points faibles et d’optimiser le plan d’investissement. Il est obligatoire dans certains cas et fortement recommandé dans tous les projets tertiaires.
Le diagnostic de performance énergétique (DPE) reste un socle de référence, mais doit souvent être complété par une étude thermique dynamique.
Intégrer le BIM et la gestion technique du bâtiment
Le BIM facilite la conception, la coordination, le suivi des consommations et le pilotage énergétique. Il devient un atout essentiel dans les chantiers complexes. La GTB/GTC, quant à elle, permet un suivi temps réel des consommations, une régulation intelligente et une réduction de la consommation énergétique durable dans les bâtiments.
Former et structurer l’entreprise
Pour répondre à la demande, les entreprises doivent :
– certifier leurs équipes RGE ;
– internaliser des profils BIM, énergie, conduite de projet ;
– coopérer avec d’autres acteurs du secteur du bâtiment (SCOP, BE).
Risques et freins
Plusieurs obstacles peuvent ralentir la transition :
– complexité du cadre légal, en constante évolution ;
– pénurie d’entreprises RGE, en particulier en zones rurales ;
– problèmes de financement, notamment pour les TPE ;
– résistance au changement, avec des pratiques parfois obsolètes.
Ces freins sont réels, mais peuvent être surmontés avec une stratégie claire, un accompagnement adapté, et une volonté de structurer l’entreprise autour de la performance énergétique.
Conclusion stratégique : s’entourer pour mieux bâtir
La réhabilitation énergétique des bâtiments tertiaires redéfinit les règles du jeu dans le secteur du BTP. Entre les exigences du décret tertiaire, la nécessaire obtention du label RGE, la gestion des dispositifs comme les CEE ou MaPrimeRénov’, et l’évolution des pratiques vers le BIM et la performance énergétique, les opportunités sont nombreuses… mais complexes à saisir sans accompagnement structuré.
C’est ici qu’un expert-comptable joue un rôle central. En tant que partenaire de confiance du dirigeant, il l’aide à :
– arbitrer les choix financiers en fonction des aides disponibles ;
– anticiper les investissements à engager ;
– structurer les équipes et les flux internes autour de projets de rénovation énergétique.
Les spécialistes Compta-BTP du groupe Exentys, notamment, accompagnent les entreprises du BTP dans cette transition. Leur expertise sectorielle et leur compréhension fine des obligations réglementaires permettent aux structures motivées de transformer ces contraintes en avantages stratégiques. Ils interviennent pour clarifier les enjeux, organiser les process, sécuriser les financements et poser les bons jalons de croissance. S’engager dans la voie de la performance énergétique ne se fait pas seul. Avec les bons partenaires, cette transformation devient un levier de compétitivité, de rentabilité et de différenciation durable.
FAQ – réhabilitation énergétique des bâtiments tertiaires
Quels sont les bâtiments concernés par le décret tertiaire ?
Le décret tertiaire s’applique à tout bâtiment à usage tertiaire ou à tout ensemble de bâtiments totalisant une surface de plancher supérieure à 1 000 m², qu’ils soient publics ou privés. Cela inclut les bureaux, les commerces, les établissements de santé, d’enseignement, ou encore les entrepôts logistiques. Même les bâtiments existants, dès lors qu’ils remplissent les conditions de surface et d’usage, sont assujettis.
Les bâtiments neufs sont-ils soumis aux mêmes obligations ?
Les bâtiments neufs ne sont pas directement concernés par la trajectoire de réduction fixée par le décret tertiaire. Toutefois, ils doivent respecter des exigences issues de la RE2020. Cela vise une performance énergétique et environnementale élevée dès la conception. De plus, dès leur mise en service, ils devront déclarer leur consommation d’énergie finale sur la plateforme OPERAT.
Les locataires sont-ils aussi responsables de la consommation énergétique ?
Oui. Le décret tertiaire implique à la fois les propriétaires et les locataires de bâtiments tertiaires. Ces derniers, appelés preneurs, doivent collaborer avec les bailleurs pour engager des actions de réduction de la consommation d’énergie. Cette responsabilité partagée est précisée à l’article 175 de la loi ÉLAN, qui impose aux deux parties de définir leurs engagements contractuels.
Qu’entend-on par performance énergétique et environnementale ?
La performance énergétique et environnementale d’un bâtiment inclut non seulement la réduction de la consommation énergétique, mais aussi l’empreinte carbone, la sobriété des matériaux utilisés, et la qualité de l’air intérieur. Cela concerne aussi bien les bâtiments résidentiels et tertiaires. L’objectif est de créer un parc immobilier plus durable, aligné sur les objectifs de neutralité carbone d’ici 2050.
Pourquoi faut-il encourager la rénovation énergétique dans le secteur tertiaire ?
Le secteur tertiaire représente une part importante de la consommation d’énergie dans les bâtiments. Encourager la rénovation énergétique des bâtiments tertiaires permet :
– de réduire la consommation d’énergie finale ;
– d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments ;
– de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
De nombreuses aides publiques sont conditionnées à ces objectifs, incitant les acteurs à réaliser un audit énergétique, puis des travaux ciblés, souvent réalisés par des entreprises RGE.
Quels sont les systèmes à privilégier pour améliorer la performance d’un bâtiment ?
Les leviers les plus fréquents sont :
– l’optimisation des systèmes de chauffage ;
– l’amélioration de l’enveloppe thermique (isolation des murs, toitures, vitrages) ;
– la mise en place d’une gestion technique du bâtiment (GTB) ;
– et l’intégration d’énergies renouvelables (PAC, solaire, etc.).
Ces solutions varient en fonction de la consommation énergétique de référence et des caractéristiques du bâtiment.
Quelles sont les obligations d’action de réduction imposées par le décret ?
Les assujettis doivent engager des actions de réduction pour atteindre les seuils fixés :
– soit en fonction de leur consommation d’énergie passée,
– soit en atteignant une consommation cible absolue.
Il ne s’agit pas seulement d’effectuer des travaux, mais de garantir une baisse réelle et mesurable de la consommation. Cela suppose un suivi régulier, une modulation possible en cas de contraintes, et des justifications techniques en cas de décalage.