La transition durable dans le secteur du BTP
Loger, éduquer, soigner, administrer, commercialiser, produire… Autant d’activités qui exigent un bâti et qui nous font réaliser à quel point le secteur de la construction est au cœur de notre société et à quel point il impacte notre économie et notre environnement. En effet, le BTP est à la fois le premier secteur en termes de consommation d’énergie (chauffage, climatisation, équipements, éclairage…) et un très important émetteur de gaz à effet de serre (GES). Le bâtiment est donc à la croisée de nombreux enjeux environnementaux et se doit, de ce fait, de s’engager dans la transition écologique.
- Quels sont enjeux que doit affronter le BTP ? Que dit la législation en terme de durabilité ?
- Comment allier durabilité et performance économique pour les différents acteurs du BTP ?
- Quelles bonnes pratiques mettre en œuvre dès maintenant pour une transition durable réussie ?
Les enjeux de la transition durable dans le BTP
Impacts environnementaux du BTP et nécessité de changement
Le bâtiment a un double impact sur l’environnement. Cela est vrai, tout d’abord, en tant qu’acteur économique. En effet, le BTP compte parmi les secteurs industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES). C’est durant la phase de construction d’un bâtiment que se produit l’essentiel des émissions de CO₂ et des consommations de ressources. Par ailleurs, Le bâtiment est le premier acteur en matière de consommation d’énergie (chauffage, climatisation, équipements, éclairage…).
Les impacts environnementaux sont donc réels et nécessitent d’une part, une prise de conscience et, d’autre part, un changement d’habitude.
Attentes des parties prenantes
Comme en témoigne la RE2020, la législation a évolué et évolue encore afin de transformer les comportements des différents acteurs et de répondre à l’urgence climatique. Par ailleurs, des objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050 ont été fixés, avec la définition de deux grands axes de travail, à savoir rénover l’ensemble du parc de logements et réduire les consommations d’énergie du secteur tertiaire de 60 % (source : ADEME).
C’est en se saisissant du sujet que les entreprises du BTP peuvent transformer ces nouveaux paramètres – et osons le dire ces nouvelles contraintes – en opportunité, notamment en valorisant leur démarche tant en interne qu’auprès de leurs clients.
Obligations légales et réglementations en vigueur
Aperçu des principales lois et réglementations
Depuis plusieurs années, la prise de conscience collective concernant la maîtrise de l’impact de nos actions sur l’environnement a fait évoluer les normes et les réglementations dans le secteur de la construction, se voulant toujours plus ambitieuses et exigeantes.
En 2004, un premier changement notable dans le monde de la construction est venu avec la HQE (haute qualité environnementale). Ce concept environnemental, accompagné d’une certification « NF Ouvrage Démarche HQE » délivrée par l’AFNOR1, impacte le bâtiment. Il a pour objectif de réduire à court et à long termes les conséquences environnementales d’une opération de construction ou de réhabilitation, tout en assurant aux occupants des conditions de vie confortables et saines.
Une ambition croissante en termes de durabilité
Puis, la France a adopté la RT2012, qui est une réglementation thermique.
Par la suite, la France a adopté la RE2020, une réglementation environnementale ambitieuse pour le secteur du BTP, et plus particulièrement de la construction neuve. En concertation avec les acteurs du secteur, cette réglementation vise à prendre en compte les consommations d’énergie, ainsi que les émissions de carbone, dont celles générées par la construction même du bâtiment. L’objectif de la RE2020 est de construire les futures habitations et les futurs lieux de vie des Français, tout en visant une réduction de l’impact carbone, une sobriété énergétique et une décarbonisation
Obligations pour les entreprises de BTP concernant la durabilité.
Le secteur du bâtiment est donc au centre de ces nouvelles mesures, tant en ce qui concerne la performance énergétique des bâtiments, (énergies renouvelables…), la décarbonisation du secteur du bâtiment, la commercialisation des produits de construction ou encore les nouvelles obligations de reporting pour les entreprises concernées par la CSRD.
Les entreprises du secteur doivent s’adapter à ces nouvelles règlementations et aux exigences qui en découlent. Une question se pose néanmoins : comment transformer ces différentes contraintes en opportunités ?
Les pratiques clés pour une transition durable
Conception écoresponsable : importance de l’éco-conception dans le BTP
L’éco-conception dans le domaine du BTP repose sur des principes essentiels visant à réduire l’empreinte environnementale des projets de construction. Pour le BTP, la conception éco-responsable vise à intégrer – et cela dès la phase de conception des projets – des considérations environnementales telles que la réduction de la consommation d’énergie, l’utilisation de matériaux durables et l’optimisation des ressources. Les principes de l’éco-conception encouragent donc une approche prenant en compte la baisse des émissions de carbone et les économies d’énergie et de ressources à long terme, tout en s’assurant de l’amélioration de la qualité de vie des occupants.
Gestion des matériaux : utilisation de matériaux durables et recyclés
L’apparition de l’analyse de cycle de vie du bâtiment (ACV) encourage le recours aux matériaux plus vertueux tels que ceux biosourcés dotés d’un impact carbone faible. Issus de la biomasse, les matériaux biosourcés sont composés pour partie ou totalement de ressources d’origine végétale ou animale. Il peut s’agir de matériaux comme la paille ou la laine de mouton. Les matériaux biosourcés permettent de réduire significativement l’impact environnemental des projets en raison de leur faible empreinte carbone. A cela, il faut ajouter des propriétés techniques intéressantes.
Réduction des déchets : mise en place de pratiques de gestion des déchets de chantier.
Il est nécessaire que le producteur ou le détenteur des déchets d’assurer la gestion des déchets que ce soit pour leur collecte, leur valorisation ou leur élimination finale. Les déchets inertes – principalement les déchets minéraux – représentent une grande partie de la production de déchets dans le BTP. Par déchets inertes, on entend les déchets ne représentant aucun danger et ne subissant aucun changement conséquent d’ordre physique, chimique ou biologique (pas de décomposition, de réaction chimique, non biodégradables…).
Les déchets non dangereux non inertes (exemple : plastique, emballages, isolants…) représentent quant à eux près d’un tiers des déchets dans le BTP. Ils ne sont pas recyclables et doivent être apportés à une déchetterie.
Enfin, il y a les déchets dangereux comme l’huile qui nécessitent une attention spécifique, tant pour les produits que pour les contenants. Certaines précautions sont à prendre quel que soit le déchet dangereux : ils doivent être emballés et étiquetés, et ils ne doivent jamais être mélangés que ce soit en amont ou pendant la collecte.
La valorisation et la gestion des déchets sont donc désormais l’affaire de tous comme en témoigne, d’ailleurs, l’évolution de notre législation. En effet, depuis 2021, les professionnels du bâtiment doivent faire figurer la mention “déchets” sur les devis de travaux et rénovation.
Les défis et obstacles à la transition durable
Analyse des principaux obstacles rencontrés par les entreprises.
Par pragmatisme, par manque de temps ou encore par méconnaissance, certains acteurs du BTP ne parviennent pas à instaurer une démarche durable au sein de leur entreprise de BTP. Pourtant les bénéfices sont réels, y compris d’un point de vue financier. En effet, si dans un premier temps, les coûts initiaux sont élevés – il est, par exemple nécessaire, d’accorder du temps et du budget à la formation des collaborateurs – les retours sur investissement sont réels, sur le long terme.
Adopter une démarche durable permet également d’améliorer la réputation de la société et d’accéder à de nouveaux marchés. En effet, de nombreuses sociétés sont aujourd’hui contraintes de choisir des prestataires adoptant et valorisant une démarche durable. Cette démarche peut se concrétiser, par exemple, avec l’obtention de labels. Le label d’Etat « Bâtiment biosourcé », créé en 2012 et actualisé en 2024, valorise l’utilisation des matériaux biosourcés dans la construction neuve.
Conclusion et perspectives d’avenir
Pour résumer, la législation tout comme les évolutions techniques poussent les entreprises du BTP à faire leur transition verte. Il est vrai que, pour le secteur, l’impact est double, que ce soit en raison des bâtiments construits ou rénovés, que par les actions réalisées par les entreprises, elles-mêmes, lors d’un chantier. C’est pour cette raison que les entreprises de la construction et de la rénovation doivent se préparer dès maintenant à la transition, en formant les collaborateurs, en intégrant de nouveaux process ou encore en recourant à de nouveaux matériaux. De nombreuses pistes existent, n’hésitez pas à les explorer et à vous faire accompagner dans la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie.
Pour en savoir plus, vous pouvez également consulter ce dossier :
Empreinte carbone du bâtiment et des travaux publics (BTP) en France
A lire aussi : FDES et BTP : vers une construction plus durable en France
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