Gérer les arrêts de travail dans le BTP sans perdre en productivité
Bien que moins présents dans le BTP que dans bien des secteurs, les arrêts de travail ont incontestablement un impact sur la production et la réalisation des projets, et par ricochet sur la santé financière des entreprises du secteur. En effet, les absences peuvent entraîner des retards dans l’avancement des chantiers, des coûts supplémentaires tant pour l’employeur que pour l’employé. Nous vous proposons donc à travers cet article de faire un point sur les arrêts de travail et leurs conséquences pour les entreprises du BTP, et de vous aider à trouver et mettre en œuvre des solutions pour gérer efficacement l’absentéisme et en limiter les impacts.
Plan détaillé :
- Comprendre les arrêts de travail dans le BTP
- Obligations légales et conventionnelles
- Impact des arrêts sur la productivité
Comprendre les arrêts de travail dans le BTP
Identifier les différents types d’arrêt de travail
Dans le secteur du Bâtiment et Travaux Publics (BTP), il existe différents types d’arrêt de travail, à savoir :
- arrêt de travail pour maladie
Lorsqu’un salarié est malade ou souffre d’une affection temporaire ou chronique, il peut obtenir un arrêt de travail délivré par un médecin. Cet arrêt est généralement prescrit pour une durée déterminée, renouvelable si nécessaire.
- arrêt de travail suite à un accident du travail
En cas d’accident sur le chantier ou sur le lieu de travail, le salarié peut bénéficier d’un arrêt de travail spécifique, souvent appelé « arrêt pour accident du travail » (AT). La procédure implique une déclaration d’accident et une prise en charge particulière, notamment par la caisse d’assurance accidents du travail.
- arrêt de travail pour maladie professionnelle
Si le salarié développe une maladie liée à son activité dans le BTP (ex : troubles musculosquelettiques, maladies respiratoires), il peut bénéficier d’un arrêt spécifique reconnu comme maladie professionnelle. La reconnaissance se fait via une procédure médicale et administrative.
- arrêt de travail pour congé maternité ou paternité
- arrêt de travail pour invalidité ou incapacité
En cas d’incapacité permanente ou partielle à exercer son métier, le salarié peut être placé en arrêt partiel ou en invalidité.
Il existe également d’autres raisons pouvant générer l’absence d’un collaborateur, telles que le chômage intempérie ou encore de la prise d’un congé sans soldes.
Des absences moins fréquentes mais aux conséquences plus importantes
Notons un bon point pour les entreprises du bâtiment – travaux pratiques : les arrêts de travail sont bien moins fréquents dans le BTP que dans les autres secteurs du marché – et cela malgré une pénibilité élevée.
En effet, d’après la société Ayming, le taux d’d’absentéisme moyen annuel est de 4,14 % pour les entreprises du BTP versus 6,11 % pour les autres secteurs. Il en est de même pour le nombre de journées d’absence par salarié en 2023 : le nombre de jours d’absence était en moyenne de 15,1 pour les acteurs du BTP, contre 22,3 pour les salariés des autres secteurs.
Si leur intensité est moindre, les absences ont un fort impact sur la rentabilité d’une entreprise du BTP. En effet, l’absence d’un collaborateur peut facilement mettre à mal l’organisation d’un chantier et nuire à l’équilibre financier d’un projet et donc de l’entreprise.
Impact des arrêts sur la productivité
Tout arrêt de travail pour maladie ou accident d’un salarié est coûteux pour l’employeur, de façon directe ou indirecte.
Conséquences sur les chantiers : retards, surcharge de travail
- Impact sur la production et la réalisation des projets :
Un arrêt de travail peut entraîner des retards dans l’avancement des chantiers, affectant ainsi les délais de livraison et la planification globale du projet. - Coûts supplémentaires :
L’absence d’un salarié peut engendrer des coûts liés à l’embauche d’intérimaires, à la formation des nouvelles ressources ou à la réorganisation du planning. De plus, certains travaux peuvent nécessiter des interventions spécifiques, augmentant ainsi le coût global du chantier.
Coûts indirects pour l’entreprise
- Responsabilités administratives:
L’employeur doit gérer la déclaration d’arrêt de travail, assurer la conformité avec la réglementation, et éventuellement faire face à des contrôles ou contentieux liés à la justification de l’absence. Il s‘agit d’autant de temps passé qui aurait pu être utilisé à optimiser la gestion de la société. - Conséquences sur la relation employeur/employé:
Des arrêts répétés ou de longue durée peuvent influencer la relation de confiance, voire entraîner des démarches pour évaluer le bien fondé de l’absence côté employé et les éventuels manquements en termes de sécurité, côté employeur. - Impacts juridiques:
En cas de contestation ou de litige, l’employeur doit être vigilant quant au respect des procédures légales relatives aux arrêts de travail, notamment la conservation des justificatifs et la gestion des éventuelles sanctions disciplinaires.
En résumé, les arrêts de travail dans le BTP entraînent des répercussions à la fois économiques, organisationnelles et sociales, soulignant l’importance de la gestion proactive des risques professionnels et des démarches médicales. N’hésitez pas à vous faire accompagner !
Arrêt maladie dans le BTP : gestion des indemnités et du maintien de salaire
Réglementations spécifiques au BTP
Dans le BTP, l’indemnisation en cas d’arrêt maladie se compose des indemnités journalières de base et d’un complément de salaire. La durée maximale d’indemnisation varie en fonction de la catégorie des salariés.
Ouvriers | Une durée d’indemnisation maximale de 90 jours au cours d’une même année civile que ce soit pour un ou plusieurs arrêts et quelle qu’en soit l’origine |
ETAM | Une durée d’indemnisation maximale pour une année civile à :
– 90 jours pour accident du travail ou maladie professionnelle (AT-MP) – 90 jours pour maladie ou accident non professionnel ;
|
Cadres |
Une indemnisation limitée à 90 jours par arrêt de travail qu’il s’agisse d’une origine professionnelle ou non sans limitation sur une année civile. Le décompte redémarrant à chaque nouvel arrêt (sauf rechute).
|
Pour rappel :
Le versement des indemnités journalières de la CPAM est déclenché s’il remplit les conditions suivantes :
- avoir suffisamment cotisé à la Sécurité sociale au cours des 6 ou 12 mois précédents selon la durée de l’arrêt ;
- envoyer les volets 1 et 2 de l’arrêt de travail à la CPAM et le volet 3 à l’employeur dans un délai de 48 heures.
Rôle des groupes de protection sociale au service des entreprises et artisans du BTP
En plus des indemnités journalières, les salariés du BTP en arrêt maladie ont donc droit à un complément de salaire jusqu’au 90ème jour d’arrêt.
En tant qu’employeur, c’est à vous de verser ce complément – à moins d’avoir souscrit la garantie arrêt de travail d’un organisme de protection sociale de votre secteur d’activité.
À partir du 91ème jour, c’est le contrat de prévoyance collective, dont la souscription est obligatoire pour l’ensemble des salariés, qui prend le relais.
Via la garantie Arrêt de travail, un organisme comme PRO BTP prend en charge le versement du maintien de salaire à vos salariés lorsqu’ils sont en arrêt maladie. En contrepartie, vous réglez une cotisation à cet organisme (déductible du bénéfice imposable de votre entreprise).
Stratégies pour limiter les impacts
AU regard des conséquences des absences des collaborateurs, il semble vraiment important de mettre en œuvre une gestion proactive des risques professionnels et des démarches médicales.
Suivi et analyse des absences pour anticiper les besoins.
L’une des bonnes pratiques est de bien connaître le fonctionnement de son secteur d‘activité et de son secteur. Vous pouvez dès à présent consulter des études pour connaitre les ratios propres à votre profession. Pour cela vous pouvez auprès d’acteurs comme la fédération française du bâtiment ou le ministère du travail qui publient souvent de nombreuses études. Par ailleurs, il serait judicieux de suivre quelques indicateurs au sein même de votre entreprise.
Voici des exemples d’indicateurs que vous pourriez instaurer :
– nombre d’arrêts par collaborateur ;
– nombre de journées d’arrêt par collaborateur ;
– part des salariés absents ;
– type d’absence ;
– distinction des absences en fonction de la durée (inférieures / supérieurs à 90 jours).
Mise en place d’un plan de continuité des activités.
Il peut s’avérer judicieux d’avoir dans son carnet d’adresses avec une agence d’intérim et des sous-traitants de confiance pour pallier d’éventuelles défections.
Par ailleurs, l’une des bonnes pratiques est certainement de développer la polyvalence de vos collaborateurs. N’hésitez pas à mettre en place des sessions de formation interne pour que chacun puisse acquérir de nouvelles compétences.
En conclusion, bien que le secteur du BTP soit relativement épargné par le fléau de l’absentéisme, il est nécessaire de mettre en place une gestion proactive des arrêts de travail afin de préserver la productivité de votre entreprise. Pour ce faire, plusieurs bonnes pratiques existent : de la mise en place d’indicateurs RH à la souscription de garantie auprès d’organismes spécialisés, en passant par le développement des compétences et de la polyvalence de vos collaborateurs. Nous vous conseillons de structurer votre démarche en amont pour anticiper et préserver ainsi la bonne santé de votre entreprise.
Découvrir notre dossier dédié aux problématiques RH